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Baptême

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17 décembre 2008

I - Le Baptême

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Masaccio - Le baptême des néophytes

  Zénon de Vérone - Invitation au   Baptême, 6

Approchez, approchez en toute hâte, frères, pour vous rendre a ce bain qui purifie. Tempérés par l’Esprit Saint et par un feu très doux, l’eau vive déjà vous invite de son tendre murmure. Déjà celui qui s’occupe du bain s’est ceint et il attend, prêt a présenter ce qui est nécessaire pour oindre et pour essuyer. C’est pourquoi, soyez dans Ia joie. Vous vous plongerez nus dans la fontaine, mais vous sortirez de ce bain, couverts d’un vêtement céleste et dans un habit blanc. Qui s’abstiendra de salir ce vêtement, possédera Ie royaume des Cieux.

Tout est dit dans cette petite exhortation.

Au cours des sept rencontres que nous allons vivre ensemble, nous allons approfondir la réalité du baptême en nous mettant à l’école des Pères de l’Eglise. Qui sont-ils ? Les évêques et théologiens des premiers siècles du christianisme. A partir de l’Ancien et du Nouveau Testament, ils structurent la pensée et la foi chrétienne. Vous trouverez sur la feuille séparée une liste des Pères que nous allons entendre, assortie de quelques lignes permettant de les connaître, et d’une carte permettant de les situer géographiquement. Les Pères de l’Eglise sont d’une telle richesse qu’on peut passer des années à commenter leurs écrits et  commentaires de la Bible. J ’ai choisi de leur laisser très largement la parole, sans chercher à faire un cours de théologie à partir de ce qu’ils disent, et en ne dormant que les commentaires qui me semblent nécessaires.

Les Pères de l’Eglise sont avant tout des pasteurs du peuple chrétien. Nous allons discrètement nous joindre à ces assemblées, entrer dans la basilique, et les écouter...

                       Préparation au Baptême

Un candidat au baptême se présente à l’Eglise. Une petite enquête est réalisée, sur la vie, sur le métier. En effet, c’est une démarche sérieuse: pendant 3 siècles, à intervalles réguliers, cette démarche pouvait conduire à la mort. De plus, le baptême étant l’entrée dans l’Eglise de Jésus Christ, il faut que le candidat montre sa ferme volonté de vivre désormais selon l’Evangile.

Si l’évêque en donne l’accord, le candidat entre alors en « catéchuménat >>, c'est-à—dire cette étape de préparation au baptême qui devait durer au minimum 2 à 3 ans, selon les lieux. Cependant, on pouvait rester très longtemps en cet état : St Augustin, baptisé à l’âge de 32 ans, était catéchumène depuis sa petite enfance. Normalement, le catéchumène (appelé aussi « auditeur ») se forme à la foi chrétienne en assistant régulièrement à des enseignements, et écoute en particuliers l’homélie de l’évêque, le dimanche.

    ll s’agit pour l’évêque de lui présenter l’histoire du Salut de telle manière que l’auditeur « croie en écoutant, espère en croyant et aime en espérant >> (St Augustin De catechizandis rudibus IV, 8).

Lorsque le catéchumène est prêt à faire le pas du baptême, il est présenté à l’évêque, peu avant le carême, par son parrain, qui répond de ses dispositions. Voilà donc l’origine des parrains et marraines : il s’agit de chrétiens engagés, qui accompagnent un catéchumène dans son chemin de foi, et qui sont garants auprès de l’évêque du sérieux et de la bornne préparation de leur filleul. '

Cette présentation est un acte de candidature de sa part, et l’accueil de l’Eglise est une élection : l’évêque choisit le catéchumène au nom du Seigneur.

                               Journal d'Ethérie, 45

    Celui qui donne son nom Ie donne la veille du Carême : un prêtre inscrit les noms de tous, Ia veille des huit semaines pendant Iesquelles j'ai dit qu‘on observe ici Ie Carême. Quand Ie prêtre a note les noms de tous, ensuite, le Iendemain, jour où commencent les huit semaines du Carême, on place pour I'évêque un siége au milieu de I'égIise majeure, au Martyrium. Des deux côtes les prêtres, assis sur des sièges et, debout, tous les clercs. On amène ensuite un a un les candidats : si ce sont des hommes, ils viennent avec leur parrain; si ce sont des femmes, avec leur marraine. Chaque fois, I'évêque interroge les voisins de celui qui est entre en disant : << Est-il de bonne vie ? Respecte-t-iI ses parents ? N'est-il pas buveur ou menteur ? » II s'enquiert encore de chacun des défauts, de ceux du moins qui sont les plus graves chez l'homme. Si Ie candidat est reconnu irréprochable en tout ce qu'iI a demandé aux témoins présents l'évêque inscrit son nom de sa main...

Le catéchumène n’est désormais plus seulement un " auditeur ", mais un " élu "(ou encore, suivant les lieux  :  " candidat " ou " qui-va—être-illuminé").

Au cours de ce dernier carême avant d’être baptisé, le catéchumène reçoit un enseignement approfondi. Il vient à des réunions très fréquentes, voire même quotidiennes pour entendre l’évêque commenter les Ecritures, le Credo, le Notre Père.

                                journal d'Ethérie, 46

Ceux qui accèdent au baptême sont d’abord, pendant les quarante jours ou on jeûne, exorcises de bon matin par les clercs... Aussitôt après, on place un siège pour I’évêque... et tous ceux qui doivent être baptises, tant les hommes que les femmes, s’assoient en cercle près de I’évêque. Commencant par Ia Genèse, pendant 40 jours, I’évêque parcourt toutes les Ecritures, en expliquant d’abord Ie sens Iittéral, puis en dégageant Ie sens spirituel. De même aussi sur la Résurrection, et pareillement sur Ia foi, on les instruit de tout durant ces jours le ; c’est ce qu’on appelle Ia catéchese. Au bout de cinq semaines d'instruction, alors, ils recoivent le Symbole, dont on leur explique Ia doctrine, comme celle de toutes les Ecritures, phrase par phrase, d’abord au sens Iitteral, puis au sens spirituel. ll en résulte que dans ces pays, tous les fideles suivent les Ecritures quand on les lit a l'église, parce que tous sont instruits pendant ces 40 jours, depuis Ia 3° heure jusqu’e la 6° heure

ll est à noter que jusqu’à son baptême, le catéchumène ne peut participer qu’à la première partie de la Messe. Une fois que l’homélie est faite, avant le Credo et la consécration, il doit sortir de la basilique. A un moment du Carême, variable suivant les lieux, on lui remet le texte du Credo, qu’il doit apprendre par cœur pour pouvoir le dire publiquement à la fin du Carême.

 

En plus de cette préparation intellectuelle et spirituelle, les « élus >> doivent également suivre une préparation « ascétique » : jeûnes, veilles et prières de nuit, agenouillements, confession des péchés, continence (même pour les personnes mariées), partage avec les pauvres, etc. 

Au tout début du christianisme, ces pratiques s’adressaient aux catéchumènes seuls. Cependant, très vite, toute la communauté chrétienne s’y est associée. Il s’agissait de manifester concrètement la charité fraternelle et l’unité de l’Eglise en accompagnant les catéchumènes.

                                Justin – l e Apologie

On leur (les catéchumènes) enseigne à prier et à demander à Dieu, en jeûnant, le pardon de Ieurs péchés passes ; et nous-mêmes, nous prions et nous jeûnons avec eux.

                         Augustin d'Hippone - Sermon 21 6, 6

Ce que nous commencons en vous par les adjurations faites au nom de votre Rédempteur, achevez-Ie par un examen approfondi et par Ia contrition de votre coeur. Nous, par nos prières adressées a Dieu et par les exorcismes contre les ruses perfides de |’ennemi de toujours, nous Iuttons. Vous, de votre côte, persévérez dans Ia prière et la contrition du coeur, pour vous arracher à la puissance des ténèbres et être transfèrés dans le royaume de sa lumière. Voilà pour Ie moment votre travail, voilà votre tache.

 

 

La semaine sainte est maintenant arrivée. Les catéchumènes suivent bien sûr, à leur place, les cérémonies de cette semaine. Suivant les lieux, la récitation publique du Notre Père et du Credo est placé le samedi saint, ou bien le vendredi saint, ou même le dimanche précédant Pâques.

                         

                             Le Baptême

Dès le départ, les baptêmes ne se déroulaient que lors de la Vigile Pascale ou bien lors de la fête de Pentecôte. La Pentecôte se trouve être une deuxième date possible, disent les Pères, en raison du lien étroit de cette fête avec Pâques, et à cause de la pratique des Apôtres : ce jour-là en effet, Pierre appelle tous ceux dont le cœur a été touché par ses paroles à se faire baptiser. Et Saint Luc de commenter en disant que « la communauté s’augmenta ce jour-là d’environ 3000 personnes >> (Ac 2, 41).

Plaçons-nous maintenant dans le contexte de Pâques. A la fin de la semaine sainte s’ouvre la célébration la plus importante de l’année : la Vigile Pascale. Une fois la nuit tombée, tout le peuple chrétien se rassemble autour de l’évêque pour célébrer la Résurrection du Christ. Après la liturgie du feu et de la lumière, on écoute longuement de nombreux extraits de la Parole de Dieu qui parlent de ce grand mystère, et de son accomplissement pour nous en particuliers dans le baptême.

Puis, lorsque l’évêque a terminé son homélie, on se rend en procession, avec chants et flambeaux, au baptistère, qui est souvent un petit édifice distinct de la basilique.

Les catéchumènes se déshabillent   

               Cyrille de Jérusalem — 2em Catéchèse mystagogique, 2.

  O merveille, vous étiez nus a Ia vue de tous et vous ne rougissiez pas. Vraiment en effet, vous portiez l’image du premier homme qui, dans le paradis, était nu et ne rougissait pas. `

               Grégoire de Nysse - Homélie pour le jour de la Lumière

Tu nous avais chassés du paradis, et tu nous y as rappelés ; tu nous as dépouillés des feuilles de figuier, ces vêtements sordides, et tu nous as revêtus d’une robe d’honneur... Désormais, quand tu appelleras Adam, il n’aura plus honte et ne se cachera plus, sur les reproches de sa conscience, sous les arbres du paradis. Ayant retrouvé la liberté, il apparaît en plein jour.

L’évêque prononce une bénédiction solennelle de la fontaine baptismale...

Les catéchumènes reçoivent alors une onction d’huile sur tout le corps. Cette huile a plusieurs sens : exorcisme, onction en vue du combat, vêtement d’immortalité.

Puis ils se tournent vers l’occident et prononcent la renonciation à Satan. Il s’agit d’une sorte de serment très solennel dans lequel ils renoncent à toute une conception de l’existence tournée vers le monde et ses plaisirs. Pourquoi l’occident ? C’est le lieu où le soleil se couche, symbole de ce qui disparaît, symbole de la puissance du mal qui est déjà vaincue par la Résurrection du Christ. On se détourne donc des ténèbres.

Aussitôt après, ils se tournent vers l’orient et professent leur foi en Dieu. C’est le principe de la conversion : après s’être détourné du mal, il faut se tourner vers le bien. Pourquoi l’orient ? Parce que c’est le lieu où se lève le soleil, symbole de la lumière plus forte que les ténèbres, symbole du Christ qui ressuscite.

Vient enfin le baptême lui-même : ils descendent dans la piscine.

   

Didachè  7

Pour le Baptême, baptisez de cette manière : [...] Baptisez au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit dans de l’eau courante. Si tu n’as pas d’eau courante, baptise dans une autre eau, et si tu ne peux pas dans de l’eau froide, dans de l’eau chaude. Si tu manques de l’une ou de |’autre, verse trois fois de l’eau sur la tête au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit. Que le baptisant, le baptisé et d’autres personnes qui le peuvent jeûnent avant le baptême.

L’évêque plonge chacun dans l’eau par trois fois. Ces trois immersions sont faites au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit. `On les relie aussi souvent aux trois jours que le Christ a passés dans la tombe. C’est le rite central, rite de mort et de résurrection.

Théodore de Mopsueste - Catéchèses l4, l4. l8-2O

Le pontife se tient debout et, avançant la main, il la pose sur la tête et dit : « Est baptisé Untel au nom du Père » et en même temps qu’il parle, il te fait t’enfoncer dans l’eau   et tu inclines la tête comme pour signifier par là ton assentiment   et tu relèves la tête, mais il dit : « et du Fils » et de la même manière il te dispose de la main à t’immerger   Tu relèves la tête, mais il dit: « et de |’Esprit Saint » et de la même manière, de la main, il te pousse et t’immerge   et dès lors tout entier tu remontes de l’eau du baptême.

Puis les nouveaux baptisés, appelés désormais « néophytes >> sortent de la piscine. Ils sont de nouveau oints d’huile, soit sur toute la tête, soit sur le front en faisant le signe de Croix.

Tertullien — Traité du baptême, 7

                Au sortir du bain salutaire, on fait sur nous une onction sainte, suivant |’ancienne cérémonie où l’0n avait coutume de prendre de |'huile renfermée dans une fiole pour en oindre ceux que |’on consacrait au sacerdoce. C’est ainsi qu’Aaron fut sacré par son frère Moïse. Notre nom de « Christ » vient de ce « chrême », onction qui fournit aussi son nom au Seigneur puisqu’i| fut spirituellement oint de |’Esprit en son Père, selon ce qui est dit dans les Actes. Ils se sont véritablement assemblés en cette ville contre votre saint Fils que vous avez oint. Ainsi |’onction que nous recevons se fait à la vérité sur la chair, mais son effet se répand dans |’âme. De même |’action du baptême est extérieure, mais |’effet en est tout spirituel, puisque nous sommes purifiés de nos péchés

     

Les néophytes sont alors revêtus d’une robe blanche, qu’ils porteront pendant 8 jours de fête et de célébration de la Résurrection du Christ : l’« octave de Pâques >>.

   

Augustin D'Hippone

Celui qui a ordonné à la lumière de briller au milieu des ténèbres a illuminé les baptisés. Ces enfants (il appelle enfants les néophytes, quel que soit leur âge), vous les voyez blancs à |’extérieur et purifiés à l’intérieur. Par la blancheur éclatante de leurs vêtements ils figurent |’éc|atante pureté de leurs esprits. lls étaient ténèbres lorsqu’i|s étaient écrasés par la nuit de leurs péchés. Mais ils sont purifiés par le bain de la miséricorde, arrosés par la fontaine de la sagesse, inondés par la lumière de la justice.

 

Enfin, tout le monde retourne en procession à la basilique, où les néophytes vont participer pour la première fois à la deuxième partie de la Messe. Ils participent à la prière universelle ; ils apportent les offrandes à l’autel ; ils découvrent les prières que disent l’évêque et les prêtres, à l’autel ; et enfin ils communient pour la première fois. —

Enfin, l’horaire de la célébration était calculé de façon à ce que tout se finisse au moment où le soleil se levait. Pour les néophytes, comme pour l’ensemble de la communauté chrétienne, cette sainte nuit de Pâques débouchait sur la lumière et la joie de la Résurrection.

                                                                 Après le baptême

Pendant les 8 jours de fête que constitue l’octave pascale, les néophytes sont revêtus de leur tunique blanche. Ils viennent chaque jours achever leur formation catéchétique auprès de l’évêque.

Pendant le Carême, ils ont entendu un résumé de toute l’histoire du Salut. Après le baptême, on leur explique le sens des rites qu’ils ont vécu. Ce détail est typique de la pédagogie des Pères de l’Eglise. Ils nous en donnent l’explication : le baptême en lui-même est une lumière qui permet de comprendre.

  Ambroise de Milan - Des Mystères, 1, 2

« La lumière des mystères pénètre chez ceux qui ne s’y attendent pas mieux que si une explication les avait précédé. »

                          Ambroise de Milan - Des Sacrements 15

« Par la fontaine du Seigneur et la prédication de sa Passion, tes yeux se sont ouverts. Toi qui semblais avoir le cœur aveuglé, tu t’es mis à voir la lumière des sacrements. >

 

   Cyrille de Jérusalem - Cathéchèse 16, 16

« Celui qui a été jugé digne de recevoir le Saint Esprit a |’âme illuminé, et il voit de façon plus qu’humaine ce qu’il ne connaissait pas jusque là »

On possède ainsi un certain nombre de ces enseignements, qui procèdent tous de la même logique interne: « Rappelez-vous, .... >> vous avez fait ceci, vous avez dit cela, etc... Cela signifiait que .... Une partie des citations que nous avons déjà lues sont tirées de ce contexte. Nous en découvrirons d’autres lors de la prochaine rencontre.

            

    

 

 

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16 décembre 2008

II - Les Figures du Baptême (1)

                « Telles sont bien les paroles que je vous ai dites quand j'étais encore avec vous : il faut que s 'accomplisse tout ce qui est écrit de moi dans la Loi de Moise, les Prophètes et les Psaumes ». Alors il leur ouvrit l 'esprit à l'intelligence des Ecritures, et il leur dit : « Ainsi est-il écrit que le Christ souffrirait et ressusciterait d'entre les morts le troisième jour, et qu 'en son Nom le repentir en vue de la rémission des péchés serait proclamé à toutes les nations, à commencer par Jérusalem ».

                                                                             Lc 24,44-47

Cyrille de Jérusalem,  1 catéchèse mystagogigue, 2-3

« Le Christ est le trésor caché dans les Écritures, car il était signifié par des figures et des paraboles qui, humainement parlant, ne pouvaient être comprises avant l'accomplissement des prophéties, c'est-à-dire avant la venue du Seigneur ».

            Le passage de la Mer Rouge

Car je ne veux pas que vous l'ignoriez, frères : nos pères ont tous été sous la nuée, tous ont passé à travers la mer, tous ont été baptisés en Moise dans la nuée et dans la mer, tous ont mangé le même aliment spirituel et tous ont bu le même breuvage spirituel — ils buvaient en effet à un rocher spirituel qui les accompagnait, et ce rocher, c 'était le Christ.

1 Co 10,1-2

Cyrille de Jérusalem, l° catéchèse mystagogique , 2-5

Vous êtes entrés pour commencer dans la pièce qui précède le baptistère, et debout, attentifs, tournés vers l'occident, vous avez reçu l'ordre d'étendre la main, et vous avez renoncé à Satan comme s'il était présent.

   Or, vous devez savoir que cela se trouve préfiguré dans |'histoire ancienne. Lorsque Pharaon, le plus dur et le plus cruel des tyrans, opprimait le peuple libre et noble des Hébreux, Dieu envoya Moïse pour le soustraire à la dure servitude des Egyptiens. Et ils frottèrent les montants de leurs portes avec le sang de l'agneau pour que l'exterminateur évitât les maisons marquées du sang et de façon miraculeuse, le peuple hébreu fut libéré.

Puis, comme après sa libération, l'ennemi se lançait à sa poursuite et voyait la mer s'ouvrir miraculeusement devant lui, il continua à suivre ses traces et il fut englouti sur-le-champ dans la mer Rouge.

Passez maintenant de l'histoire ancienne à la nouvelle, de la figure a la vérité. Là, Moïse est envoyé par Dieu en Egypte ; ici, le Christ est envoyé dans le monde par le Père. Là M0ïse doit emmener d’Egypte le peuple opprimé ; ici le Christ doit délivrer ceux qui peinent dans le monde sous le poids du péché.

  Là le sang de l'agneau détournait l'exterminateur ; ici le sang de l'Agneau sans tache, Jésus-Christ, met en fuite les démons.

  Ce tyran poursuivait jusqu'à la mer l'antique peuple hébreu ; toi le démon effronté, impudent, malfaisant, te suivait jusqu'aux sources salutaires. Le tyran fut englouti par la mer ; le démon disparaît dans les eaux du salut.

 

     Jean Chrysostome – Sermon aux néophytes, 4

Vous avez quitté l'Egypte. Oubliez l'esclavage et le dur travail des briques de ce pays. Ce travail humiliant est le lot de la folle du monde. L'or lui-même, avant d'être purifié, ressemble à une terre de boue. Tu as vu des miracles plus grands que les Juifs d'alors qui quittèrent l'Egypte. Tu as vu engloutir dans les flots, non point le Pharaon, mais le démon, noyé dans les eaux baptismales. Les Juifs traversèrent la mer, toi les ombres de la mort. Les premiers ont quitté l'Egypte, toi, la tyrannie du démon. Les premiers ont été libérés du joug de l'esclavage, toi, du joug plus pesant de l'esclavage du péché.

                     Tertullien — Traité du baptême, 9

Lorsque le peuple d'lsraël sortit de la captivité d'Egypte, comment évita-t-il les poursuites de

Pharaon ? Ce fut en traversant les eaux de la mer Rouge : mais les mêmes eaux engloutirent ce même roi avec toute son armée. Quelle figure plus manifeste du sacrement de baptême ? Les nations sont délivrées de l'esclavage du siècle ; et le démon, cet ancien tyran, perd son orgueilleux pouvoir dans les eaux.

           Grégoire de Nysse - Homélie pour la fête des lumières

Moïse, le grand Moïse, alors qu'il était encore un bel enfant à la mamelle subit la sentence commune du cruel Pharaon à l'endroit de tous les enfants mâles et fut exposé sur les berges du fleuve non point tout nu, mais dans une caisse de joncs. Elle symbolisait une arche. ll fut déposé près de l'eau, car la loi voisine la grâce, journellement les Hébreux recouraient aux lustrations qui, un peu plus tard, devaient céder la place au baptême parfait et admirable.

  Comme l'a bien vu le grand apôtre Paul, le peuple qui franchit la Mer Rouge annonça le salut par l'eau. Le peuple passa, mais le roi d'Egypte fut noyé avec son armée. Ces faits prédisaient le mystère du baptême. Aujourd'hui encore le peuple, qui fuit l'Egypte, c'est-à-dire le péché, trouve dans l'eau de la nouvelle naissance la liberté et le salut. Mais le démon et ses suppôts (je veux dire les esprits du mal) rongent leur chagrin, car pour eux le salut de l'homme est un malheur.

                                          Le Déluge

(Les hommes) s’étaient révoltés au temps où se prolongeait la patience de Dieu, quand Noé construisit l’arche, dans laquelle un petit nombre de personnes, huit en tout, furent sauvés à travers l’eau. C’était une image du baptême qui vous sauve maintenant : être baptisés, ce n’est pas être purifiés  de souillures extérieures, mais s’engager envers Dieu avec  une conscience droite et participer ainsi à la Résurrection de Jésus Christ.

                                                             1 Pi 3,20-21

                        Origène - Homélie sur la Genèse,  2,3

C’est ainsi qu’en montant à travers les différents étages d’appartements, on arrive à Noé lui-même, - Noé veut dire «le repos» ou «le juste» — Noé, qui est le Christ Jésus. [...] Considérez notre Seigneur Jésus-Christ. ll est dit de lui : « Voici l'agneau de Dieu, voici celui qui ôte le péché du monde », [...] et ailleurs encore, c'est lui qui dit : « Venez à moi, vous qui êtes fatigués et ployez sous le fardeau et je vous referai et vous trouverez le repos de vos âmes. » Vous voyez que c'est lui qui a vraiment donné le repos aux hommes et qui a délivré la terre de la malédiction portée contre elle par le Seigneur Dieu. »

                  Justin – Dialogue avec Tryphon, 38,1

Au déluge s'opéra le mystère du salut du monde. Le juste Noé avec les autres êtres humains du temps du déluge, à savoir sa femme, ses trois fils et les femmes de ses fils, étant au nombre de huit, présentaient par ce nombre le symbole du huitième jour où notre Christ apparut ressuscité des morts»

              Ambroise de Milan  - Homélie sur les  Mystères, 10-11

Tu vois l'eau, tu vois le bois, tu aperçois la colombe, et tu doutes du mystère ? C'est l'eau où la chair est plongée pour effacer le péché de la chair. Tout forfait y est enseveli. C'est le bois auquel fut attaché le Seigneur Jésus quand il souffrit pour nous. C'est la colombe, sous l'aspect de laquelle descendit l'Esprit Saint, comme tu l'as appris dans le Nouveau Testament, et c’est l’Esprit qui inspire la paix de l’âme et la tranquillité de l’esprit.

                  Pseudo-Hippolyte, Sur la sainte théophanie 4

Dieu le Père a ouvert les portes du ciel et envoyé l'Esprit-Saint sous la forme d'une colombe sur la tête de Jésus, en tant qu'il est le nouveau Noé, le bon pilote dans le naufrage du monde.

          Tertullien – Traité du baptême, 8,3-4

Lors du déluge, qui était en quelque sorte « le baptême du monde », dont « les eaux purifièrent l'antique souillure », « la colombe lâchée de l'arche et revenant avec un rameau d'olivier, symbole de paix, même pour les païens, vint en messagère annoncer à la terre l'apaisement de la colère du ciel ». Lors du baptême du croyant, « la colombe qui est l'Esprit-Saint vole vers la terre, c'est-à-dire notre chair, cette chair sortant du bain, lavée de ses anciens péchés. Elle apporte la paix de Dieu, en messagère du ciel, où se tient l'Eglise dont l'arche est la figure. »

          Maxime le confesseur – Sermon 64,2

La colombe qui jadis, lors du déluge, est revenue en hâte à l'arche de Noé est celle-là même qui maintenant vient à l'Eglise du Christ lors du baptême ; alors, elle annonçait par le rameau d'olivier la sécurité retrouvée ; aujourd'hui, elle confère l'éternité par le symbole de la divinité. Elle portait alors dans son bec le signe de la paix ; aujourd'hui, elle répand la paix elle-même, qui est le Christ.

       Ephrem – Hymnes sur l’Epiphanie 3,8

Vint le rameau d'olivier avec le type de l'onction. Les habitants de l'arche jubilèrent en le voyant, car il apportait la bonne nouvelle du salut. Vous aussi, jubilez en voyant cette huile sainte ; que se réjouisse le corps chargé de fautes, car il apporte la bonne nouvelle du pardon.

       Jérôme – Epitre 69,6

La colombe du Saint-Esprit vole vers Noé, comme plus tard vers le Christ au Jourdain, et avec le rameau de la régénération et de la lumière, elle annonce la paix au monde.

 

 

15 décembre 2008

III - Les Figures du Baptême (2)

        Césaire  d’ArIes  - Sermon

J’en ai souvent averti votre charité, mes chers frères ; dans les leçons qu’on nous lit en ces jours dans |’église, nous ne devons pas seulement nous attacher au sens littéral, mais écarter le voile de la lettre, pour chercher par la foi l’esprit vivifiant qui s’y trouve caché. L’Apôtre le dit en termes formels : « La lettre tue, mais l’esprit vivifie. » (2 Cor 3,6)

Aussi, qu’ils sont infortunés les Juifs et plus infortunés encore les hérétiques qui, s’attachant seulement au son de la lettre, c'est à dire à un corps sans âme, restent morts et privés de l’esprit qui vivifie !

Pour nous, écoutons l’Apôtre qui nous dit que « toutes ces choses leur arrivaient en figure, mais qu’elles ont été écrites pour nous. » (1 Co 10,11). Voyons donc ce que veut dire ce que nous avons entendu tout à l’heure, quand on nous lisait la divine parole.

                              

            Jonas dans le ventre du poisson

De même, en effet, que Jonas fut dans le ventre du monstre marin durant trois jours et trois nuits, de même le Fils de l 'homme sera dans le sein de la terre durant trois jours et trois nuits.  Mt 12,40

              Ephrem de Nisibe – Hymne sur l’Epiphanie, 3,9

« Comme vous ressemblez au prophète que vomit le poisson l ».

                          Naaman  dans le Jourdain

             Ambroise de Milan  -  Sur Ies  Mystères

Quand Naaman fut arrivé, Elisée lui ordonna de se baigner sept fois dans le Jourdain. Alors Naaman se mit à réfléchir : les fleuves de sa patrie avaient une eau meilleure, dans laquelle il s'était souvent baigné sans être jamais purifié de sa lèpre. C'est ce qui le retint d'obéir aux ordres du prophète. Mais il céda aux avis et aux exhortations de ses serviteurs, il se baigna et, purifié aussitôt, comprit que la purification de chacun ne vient pas de l'eau, mais de la grâce.

          Grégoire de Nysse  -  Homélie pour Ia fête des Iumières

Le disciple d'Élie, Elisée, lui aussi purifia le Syrien Naaman, lorsqu'il vint à lui pour trouver un secours contre sa lèpre, en lui prescrivant un bain dans le Jourdain. L'usage de l'eau, le bain dans le Jourdain annoncent tous deux l'avenir. Car seul entre tous les fleuves le Jourdain, le premier, fut béni et consacré comme la source qui apporte à l'univers entier la grâce du baptême.

Tels sont les faits qui annoncent la nouvelle naissance par le baptême.

        Mara, les eaux amères

    Ambroise de Milan  - Sur les Mystères

La source de Mara était amère ; Moïse y jeta du bois et elle devint douce. En effet, sans l'invocation de la croix du Seigneur, l'eau n'est d'aucune utilité pour le salut futur ; mais lorsqu'elle a été consacrée par le mystère de la croix qui donne le salut, elle est toute prête pour fournir le bain spirituel et la boisson du salut. Donc, de même que Moïse, de façon prophétique, mit le bois dans cette source d'autrefois, ainsi l'évêque prononce sur la source que nous voyons l'invocation de la croix du Seigneur, et l'eau devient douce pour donner la grâce.

          Tertullien - Traite du baptême, 9

Autre symbole : cette eau qui pour devenir buvable et douce est guérie de son amertume par le bois qu'y plonge Moïse. Ce bois, c'était le Christ guérissant lui-même les eaux, auparavant empoisonnées et amères ; il les change en eau très salubre, l'eau du baptême.

                  Mériba, les eaux  Jaillissant du rocher

Car je ne veux pas que vous l'ignoriez, frères : nos pères ont tous été sous la nuée, tous ont passé à travers la mer, tous ont été baptisés en Moise dans la nuée et dans la mer, tous ont mangé le même aliment spirituel et tous ont bu le même breuvage spirituel — ils buvaient en effet à un rocher spirituel qui les accompagnait, et ce rocher, c'était le Christ.    1 Co 10,1-2

                 Tertullien - Traité du baptême, 9

Elles (les eaux du baptême) étaient encore figurées par l’eau que Moïse fit miraculeusement sortir de la pierre et qui accompagnait le peuple d’lsraël. Or si cette pierre était Jésus Christ, il est hors de doute que les eaux du baptême sont bénies en Jésus Christ.

                 Cyprien de Carthage - Epître 63, 8

Toutes les fois que l'eau est nommée seule dans les Saintes Ecritures, c'est le baptême qui est annoncé, comme nous le voyons en Isaïe 2 «Ne vous souvenez plus, dit-il, de ce qui a précédé, et ne pensez plus aux événements passés. Voici que je fais des choses nouvelles qui paraîtront bientôt, et vous les verrez. Je ferai un chemin dans le désert ; de l'eau, dans un endroit qui n'en a pas, abreuvera ma race choisie, le peuple que j'ai formé pour moi afin qu'iI publie mes louanges. » (Is 43,19-21)

Dieu a prédit en cet endroit par son prophète que chez les Gentils (les non Juifs), dans les lieux qui manquaient d'eau auparavant, il en coulerait en abondance, qui abreuverait la race choisie de Dieu, c'est-à-dire, ceux que la génération par le baptême aurait faits enfants de Dieu. De même, il est encore prophétisé et prédit que les Juifs, s'ils ont soif et cherchent le Christ, boiront chez nous, c'est-à-dire obtiendront la grâce du baptême. « S'ils ont soif, dit-il, dans le désert, il leur amènera de I'eau, il en fera jaillir du rocher, le rocher s'ouvrira, l'eau coulera, et mon peuple boira » (Is 48,21).

C'est ce qui s'accomplit dans l'Evangile ; quand le Christ, qui est le rocher, est ouvert par le coup de la lance durant sa passion.

C'est lui d'ailleurs qui, faisant comprendre ce qu'à prédit le prophète, s'écrie : « Si quelqu'un a soif, qu'iI vienne et qu'il boive. Celui qui croit en moi, de son sein comme dit l'Ecriture, couleront des fleuves d'eau vive » (Jn 7,37). Et pour qu'il fût encore plus manifeste que ce n'est pas du calice, mais du baptême, que parle en cet endroit le Seigneur, l'Ecriture ajoute : « Il dit cela de l'Esprit que devaient recevoir ceux qui croyaient en lui »(Jn 7,38). Or, c'est par le baptême que l'on reçoit le Saint-Esprit. Et quand on est ainsi baptisé et qu'on a reçu le Saint-Esprit, on boit alors seulement le calice du Seigneur. (eucharistie qui suit le baptême, dans la nuit de Pâques)

Que personne ne s'inquiète de ce que, en parlant du baptême, l'Ecriture divine dit que nous avons soif et que nous buvons, puisque le Seigneur dit aussi dans l'Evangile : « Heureux ceux qui ont soif et faim de la justice », parce que ce que l'on prend avec une soif avide, on le prend en plus grande plénitude et abondance. De même en un autre endroit le Seigneur dit : « Quiconque boira de cette eau-ci, aura soif de nouveau. Mais celui qui boira de l'eau que je donnerai, n'aura plus jamais soif » (Jn 4,13-14). Ces seules paroles montrent que ce qui est annoncé c'est le baptême de l'eau du salut, qu'on ne prend qu'une fois et qu'on ne réitère pas. Le calice du Seigneur, lui est toujours dressé et bu dans l'Eglise.

             Grégoire  d’Elvire — Tractatus  15,10-13

Quand, au désert, le peuple était en danger de périr de soif, Moïse frappa un rocher avec son bâton, c'est-à-dire au moyen du bois, et aussitôt coulèrent des sources d'eau, fait qui annonçait le mystère du baptême. Que ce rocher ait été la figure du Christ est garanti par le bienheureux apôtre, qui dit : « Ils buvaient au rocher spirituel qui les accompagnait, et ce rocher était le Christ >> (1 Co 10,4).

  ll ne fait aucun doute que ce rocher était l'image de la chair du Seigneur. Cette chair frappée par le bois de la croix prodigua l'eau vive aux assoiffés, selon qu'il est écrit : « De son sein couleront des fleuves ; il disait cela de l'Esprit Saint que les croyants devaient recevoir » (Jn 7, 38-39). Ainsi, déjà en ce temps—là, les eaux produites du rocher montraient en une préfiguration typique les fleuves émanant du sein du Christ dans le sacrement du baptême, ces fleuves qui devaient, en breuvage salutaire pour les assoiffés, couler du flanc du Christ.

Qui ne sait que notre Seigneur, qui est la source d'eau jaillissant en éternité de vie, quand il fut suspendu au bois de la croix, a répandu par la blessure de son côté non seulement du sang mais aussi des eaux coulant en flots abondants ; il montrait par là que l'Epouse, c'est-à-dire l'Eglise, provient de son côté [...] comme Eve est née de la côte d'Adam ; l'Eglise connaît de fait deux baptêmes, baptême d'eau et baptême de sang, qui font dans l'Eglise les fidèles et les martyrs.

                          jean Chrysostome — Sermon aux néophytes, 5

Veux—tu connaître encore mieux la puissance du sang du Christ, souviens-toi de son origine. Il a coulé du côté du Maître en croix. Quand Jésus eut expiré, encore en croix, raconte l'Ecriture, un soldat vint et lui ouvrit le côté avec une lance. Il en coula de l'eau et du sang. L'eau symbolise le baptême, le sang est la figure de l'Eucharistie. Voilà pourquoi il est écrit : « ll coula du sang et de l'eau » (Jn 19,34), mais d'abord de l'eau, puis du sang. Nous sommes d'abord lavés dans le baptême, puis gratifiés du sacrement eucharistique. [...]

Ne passe pas à pieds joints sur cet épisode, riche de significations et considère un autre mystère qui s'y cache. J'ai dit l'eau et le sang sont les symboles du baptême et de l'eucharistie. Dans les deux sacrements, le bain de la nouvelle naissance et le mystère eucharistique qui tirent leur origine du côté transpercé du Christ, est fondée l'Eglise.

De ce côté ouvert Jésus a bâti l'Eglise, comme Eve a tiré son origine du côté d'Adam. Voilà pourquoi Paul a pu écrire : Nous sommes de sa chair et de ses os, en pensant à la plaie du côté. Dieu a pris le côté du flanc d'Adam pour former la femme. Le Christ de même nous donne sang et eau de son côté pour former l'Eglise. De même que Dieu avait pris la côte d'Adam pendant qu'il dormait, en extase, de même Jésus nous donne sang et eau, après s'être endormi dans la mort. Là le sommeil d'Adam, ici le sommeil de la mort.

Voyez donc combien le Christ est uni à son épouse. Voyez avec quelle nourriture il nous rassasie. ll est lui-même notre nourriture et notre festin. Comme une femme nourrit son enfant de son lait maternel, en quelque sorte avec son propre sang, ainsi le Christ nourrit sans cesse ceux à qui il a donné la vie de la nouvelle naissance, au prix de son propre sang.

                                    Le poisson dans l’eau

                          I              X                 O             Y               E

                          I              CH              TH            U              S

                    Ièsous     Christos        Théou       Uios          Sôter

                      Jésus       Christ        de Dieu        Fils         Sauveur

                         Tertullien  - Traité du baptême, l

Pour nous, petits poissons, ainsi appelés du nom de notre « ictus » Jésus Christ, nous naissons

dans l’eau et ne pouvons conserver notre vie autrement qu’en demeurant dans cette eau.

 

14 décembre 2008

IV - Purification des pèchès et re-création

               Cyrille de Jérusalem - 1e catéchèse baptismale

« Convertissez-vous, et que chacun reçoive le Baptême au nom de Jésus Christ pour le pardon de ses péchés. » (Ac2,38)

S’il y a quelqu’un ici qui soit esclave du péché, qu’il se prépare, au moyen de la foi baptismale, à la nouvelle naissance qui fera de lui un homme libre, un des fils d’adoption. [...]

Dépouillez par la confession (de la foi) l’homme ancien, corrompu par les désirs qui l’égarent; afin de revêtir l’homme nouveau, celui qui est renouvelé selon l’image de son Créateur. [...]

C’est maintenant l’époque de la confession. Confesse les péchés que tu as commis, en parole ou en action, la nuit ou le jour. Confesse en ce temps favorable et, au jour du salut, reçois le trésor céleste.

            Zénon de Vérone — 2e  invitation au baptême

Avec fermeté et fidélité, dépouillez-vous de votre vieil homme, dans ses défroques pleines de puanteur, vous tous qui, régénérés, vêtus de blanc, riches des dons du Saint Esprit, allez bientôt prendre part à la procession.

         Tertullien - Traité du baptême, IV,  5

D'ailleurs, ce qui se passe est semblable à un acte banal : les péchés nous salissant comme de la crasse, l'eau nous en lave. Toutefois, les péchés n'apparaissent pas sur la chair, car personne ne porte sur sa peau des taches d'idolâtrie, de débauche ou de fraude. Mais c'est l'esprit qu'ils souillent, lui qui est l'auteur du péché. Car l'esprit commande, et la chair est à son service. Tous deux pourtant partagent la faute, |'esprit parce qu'i| 'commande, la chair parce A qu'elle exécute. Et comme l'inten1ention de l’ange a donné aux eaux un certain pouvoir de guérir, l'esprit est lavé dans l'eau par l’intermédiaire du corps, la chair y est purifiée par l’esprit.

          justin  -  1e  apologie, 61

Le prophète lsaïe, comme nous l'avons dit plus haut enseigne de quelle manière les pécheurs repentants effaceront leur péchés. ll s'exprime en ces termes : « Lavez-vous, purifiez- vous, enlevez le mal de vos cœurs, apprenez à bien faire, rendez justice à  l'orphelin et défendez la veuve ; venez alors et comptons, dit le Seigneur. Vos péchés vous  eussent-ils rendus rouges comme la pourpre, je vous rendrai blancs comme la laine ; fussiez-vous rouges comme l'écarlate, je vous rendrai blancs comme la neige. » (ls 1, 18)

        Basile de Césarée -  Protreptique  du saint baptême, 4-5

Entre dans le secret de ton âme, excite le souvenir de tes actions. Si tes fautes sont nombreuses, ne te laisse pas décourager par leur multitude, car là ou le péché a abondé, la grâce a surabondé. (Rm 5,20) [...]

Es-tu jeune? Prémunis ta jeunesse par le frein du baptême. La force de l'âge est—elle passée ? [...] IL convient à ce moment de la vie d'avoir devant les yeux la mort. Si un médecin te promettait de te rendre jeune, en te tirant de la vieillesse par ses soins et ses artifices, ne désirerais-tu pas aller le trouver aujourd'hui même, pour qu'il te ramène à la force de l'âge ? Le baptême te promet de faire refleurir ton âme que tu as ruinée, que tu as ridée et maculée par tes iniquités. Tu méprises ton bienfaiteur et tu n'accours pas à sa promesse ? Ne désires-tu pas voir le grand prodige de la promesse ? Comment sans mère l'homme peut renaître, comment celui qui a vieilli corrompu par les désirs trompeurs est de nouveau vitalisé, rajeuni et revient à l'authentique fleur de la jeunesse ? Le baptême, c'est la rançon des captifs, la remise des dettes, la mort du péché, la régénération de l'âme, le vêtement resplendissant, le véhicule pour le ciel, la garantie du royaume, la grâce de l'adoption.

             Grégoire  de Nazianze  - Sermon , 40,7-8

Le souverain Maître a pensé qu'il né devait pas laisser sans secours sa créature, ni se désintéresser du danger qu'elle courait d'étre séparée de lui (à causé du péché). Aussi  après nous avoir appelés du néant à l'être, il nous a restaurés dans l'existence en une création plus divine et plus haute que la première. [...]

Cette grâce et cette puissance du baptême ne portent plus en elles la destruction du monde comme au temps du déluge, mais la purification du péché en tout homme et le nettoyage complet des souillures qui se sont accumulées en nous du fait du péché.

A notre dualité originelle : âme et corps ; nature visible et nature invisible, répond aussi une doublé purification, par l'eau et par l'Esprit : celle-là prise au sens visible et corporel, celle—ci survenant de façon invisible  et incorporelle ; celle-là, purement symbolique, celle-ci véritable et purifiant dans les profondeurs.

L'Esprit, après avoir apporté son secours à notre naissance initiale, travaille maintenant à rénover notre décrépitude et a transformer notre état actuel en une ressemblance avec Dieu ; il nous refond sans employer le feu et nous recrée sans nous briser.

Celle—ci (cette purification), et c‘est maintenant une certitude, est commune a tous. On l'obtient sans larmes inutiles ; elle procure le même honneur a tous, esclaves ou maîtres, riches ou pauvres, humbles ou grands, nobles ou gens sans naissance, a ceux qui ont des dettes et à ceux qui n’en ont pas. Elle est comme un souffle d'air, comme une effusion de lumière, comme un bouleversement des saisons (autre traduction: retour à l’origine des temps), comme la contemplation de la création devenue pour nous tous un grand objet de délices, enfin comme une récompense égale offerte a notre foi.

                    Grégoire de Nysse     Four la fête des lumières

Le temps est donc revenu qui nous remet en mémoire les saints mystères (le baptême) qui purifient l'homme et qui lavent l'âme et le corps de toute faute grave et nous rendent la beaute première que l'artiste divin nous avait donnée en nous créant. Pour cette raison, vous qui avez goûté les richesses de la foi, vous vous êtes réunis ici comme le peuple consacré.

Mais vous amenez aussi les non—initiés et comme des pères vous les acheminez progressivement à saisir pleinement le service de Dieu. Pour moi je me réjouis avec les uns et les autres ; avec les initiés, car vous êtes riches d'un don royal, avec les non—initiés, qui êtes remplis d'une merveilleuse espérance : la remise de vos dettes, la délivrance de vos liens, la réconciliation avec Dieu, l 'assurance et la liberté, au lieu de la condition d'esclave, l'égalité avec les anges. Tous ces biens et tous ceux qui s'y rapportent nous sont accordés par la grâce du baptême.

           Jean Chrysostome  - 1e instruction aux catéchumènes, 2-3

Le bain qui donne la grâce fait disparaître non cette tache corporelle (celle qui salit le corps), mais celle qui, étant une véritable souillure, atteint le corps et l'âme ; il purifie non ceux qui touchent des cadavres (allusion aux impuretés rituelles de la loi de Moïse), mais ceux qui font des  œuvres de mort. `

Seriez-vous  impudique, seriez-vous fornicateur, idolâtre, auriez-vous commis n'importe quel crime, seriez-vous couvert de toutes les souillures qui peuvent flétrir un homme, plongez- vous dans la piscine de ces eaux saintes, et vous en sortez plus pur que les rayons du soleil.

Ne croyez pas que j’exagère ; écoutez saint Paul parlant de l‘efficacité de ce bain spirituel : « Ne vous y trompez pas, ni les idolâtres, ni les fornicateurs, ni les adultères, ni les impudiques, ni ceux dont les débauches outragent la nature, ni les avares, ni les intempérants, ni les médisants, ni les ravisseurs du bien d'autrui ne posséderont le royaume de Dieu » (1 C0 6,9-10).

Et en quoi, direz-vous, ces paroles touchent-elles à la question ’? Montrez ce dont il s'agit, c'est-a-dire que la vertu du baptême efface ces souillures. Ecoutez donc ce qui suit : « Vous avez été tout cela, mais vous avez été lavés, sanctifiés, justifiés au nom de notre Seigneur Jésus—Christ et dans l'Esprit de notre Dieu » (1Co 6,11).

Nous nous proposions de vous dire que ceux qui s'approchaient de ce bain spirituel étaient purifiés de toute souillure, et voilà que nos paroles vous prouvent qu‘ils sont non seulement purifiés, mais encore sanctifiés et justifiés. Car l'Apôtre ne dit pas seulement : « Vous avez été purifiés », mais il ajoute : « Vous avez été sanctifiés, vous avez été justifiés. »

Quoi de plus admirable que de voir ta justification produite sans travail, sans peine et sans le secours des bonnes œuvres !  car telle est la grandeur de ce don divin que sans aucune peine il nous rend justes devant Dieu. Si une simple lettre très courte signée par l'empereur peut rendre à la liberté des hommes chargés de toutes sortes de crimes et élever quelques—uns de ses sujets aux plus hautes dignités, combien plus l'Esprit-Saint, qui est tout-puissant, nous délivrera-t-il de toute iniquité, établissant en nous le règne de la justice et nous remplissant d‘une constance inébranlable.

Voyez cette étincelle tombant dans le gouffre de la mer, aussitôt elle s'éteint, elle disparaît engloutie sous les flots ; ainsi toutes les iniquités des hommes, quand elles tombent dans la piscine du bain sacré, sont anéanties ; elles disparaissent plus vite et plus facilement que cette étincelle.

Et pourquoi, direz-vous, si ce bain remet tous nos péchés, pourquoi l'appelle-t-on bain de la régénération et non pas bain de la rémission des péchés, bain de la purification '? C‘est parce que non seulement il nous remet nos péchés et nous purifie de nos souillures, mais que par lui nous recevons une seconde naissance. Oui, il nous crée de nouveau, il nous forme, non en nous façonnant une seconde fois avec de la terre (comme dans le récit de la création :  cf Gn 2, 7), mais en nous faisant sortir d'un autre élément qui est l'eau ; il ne nettoie pas seulement le vase, mais il le refait de nouveau tout entier.

Les vases que l'on purifie gardent toujours, quelques précautions que l'on prenne, des marques de la tache qui a été enlevée ; mais ceux que l'on jette dans le fourneau pour les refondre, renouvelés par la flamme, déposent toute scorie et sortent de là aussi brillants que s'ils étaient entièrement neufs. Si quelqu'un prenait pour la refondre une statue d‘or, toute noircie par le temps, la fumée, la poussière, détériorée par la rouille, il la rendait très pure et très brillante ; ainsi notre nature dégradée par la rouille du péché, obscurcie par nos crimes, comme par une fumée qui en ternit l'éclat, privée de sa beauté première, Dieu la refait pour ainsi dire, la plonge dans l'eau comme dans le creuset, la pénétré comme d'un feu, de la grâce du Saint—Esprit, et de la elle sort toute renouvelée, jetant un éclat qui surpasse la splendeur des rayons du soleil, car le vieil homme est brisé, et de ses débris sort un homme nouveau et plus brillant.

13 décembre 2008

V - Nouvelle naissance et illumination

        Le baptême , nouvelle naissance

    Augustin d’Hippone  -  Sermon 228,1

Les 7 ou 8 jours qui s’écoulent sont spécialement consacrés aux sacrements reçus par les enfants. Ceux qui portaient le nom de catéchumènes sont maintenant appelés enfants [,,.] parce qu'ils sont nés aujourd’hui  a Jésus Christ, eux qui, depuis longtemps, étaient nés au monde.

         Cyrille de Jérusalem  -  2e catéchèse mystagogique

Puis vous vous êtes plongés trois fois dans l'eau et vous en êtes ressortis: c`était un symbole des trois jours que le christ a passés dans le tombeau. De même en effet que notre Sauveur est resté trois jours et trois nuits dans le sein de la terre, de même, vous aussi en sortant pour la première fois, vous avez représenté le premier jour que le Christ a passé en terre, et en vous replongeant dans l'eau, la nuit qui l'a suivi. De même que celui qui est dans la nuit ne voit plus tandis que celui qui est dans le jour vit en pleine lumière, de même pendant votre immersion, comme dans la nuit, vous ne voyiez rien mais a votre sortie de l'eau, vous vous trouviez comme en plein jour.

Ainsi vous mouriez et vous naissiez dans le même moment, et cette eau sainte vous servait à la fois de tombe et de mère. Et ce que Salomon a dit à un autre propos peut bien s'appliquer à vous : « il v a, disait-il, un temps pour enfanter et un temps pour mourir. » (Ecclésiaste 3, 2) Pour vous inversement, il y a un temps pour mourir et un temps pour être enfantés : un seul instant a opéré l'un et l'autre, et votre naissance a coïncide avec votre mort.

          Zénon  de Vérone — invitation au baptême III

Allons, frères, qu'attendez-vous '? L'onde régénératrice vous a conçus, grâce a votre foi, déjà elle est en train de vous enfanter a cause des sacrements ; au plus vite, hâtez-vous vers la réalisation de vos désirs.

Voici qu'on chante l'hymne solennel, voici qu'on entend la voix des nouveaux-nés et leur doux vagissement, voici que s'avance la foule très glorieuse de ceux qui sortent de I'unique sein générateur de la vie, La nouveauté, c'est que chacun naît au sens spirituel,

Courez au—devant de votre mère, qui en ce moment ne souffre pas, quoi qu'on ne puisse compter tous ceux qu’elle enfante. Entrez donc, entrez ! Jouissez de votre bonheur de vous retrouver tous ensemble subitement  ses nourrissons.

       Jean Chrysostome  -  Sur l’entretien avec Nicodème

Que dit donc Jésus-Christ ? Pour le tirer (Nicodème) d'un sentiment bas a ras de terre, et lui montrer qu‘il parle d`une autre génération, il dit : « Si un homme ne naît de l'eau et de l'Esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu. » ll le dit pour l'amener a la foi, par cette menace, pour le convaincre. La chose n'est pas impossible, en dépassant l'idée d'une génération charnelle,

Je parie, dit-ii, d'une autre naissance, Nicodème ! pourquoi abaissez-vous ce que je dis jusqu'a terre ?

Pourquoi, ce qui est au-dessus de la nature, le soumettez-vous aux lois de la nature ? Cette naissance surpasse la naissance ordinaire, elle n'a rien de commun avec nous. L'autre est également appelée naissance ; mais ces deux naissances n'ont de commun entre elles que le nom, elles différent dans la chose. Éloignez de votre esprit  l`idée des générations ordinaires : j‘apporte au monde une autre naissance. Je veux que les hommes soient engendrés d'une autre manière; j'apporte un autre mode de création. J’ai formé l'homme de la terre et de l'eau ; cette figure faite de terre et d'eau n'a pas réussi ; le vase n'a pas pris forme. Au lieu de terre et d'eau, je vais me servir de l’eau et de l'Esprit.

     Pacien de Barcelone  -  Sermon sur le Baptême,6

On m'objectera peut-être : le péché d'Adam, a juste titre, a passé à ses descendants, puisqu'ils sont nés de lui. Mais le Christ nous a-t-il engendrés lui aussi pour que nous puissions être sauvés par lui ? Ne pensez pas selon la chair l Vous allez bien vite comprendre notre naissance du Christ et sa paternité a notre endroit,

En ces derniers temps le Christ a pris âme et chair dans le-sein de Marie. C’est cette chair qu'il est venu sauver, c'est celle qu'il s'est refusé de laisser aux enfers ; c'est elle qu'il a unie à son esprit pour la faire sienne. Voilà les noces du Seigneur, son union a la chair de l'homme, grand mystère qui les a soudés tous deux, le Christ et l'Église, en une seule chair (référence à Ep 5, 32 citant lui-même Gn 2, 24).

Ces noces, sous l'action de l'Esprit-Saint venu d'en haut, ont donne naissance au peuple chrétien. Grace a un germe céleste, inséré dans la substance de nos âmes, nous prenons forme dans les entrailles de notre mère (spirituelle), et, une fois issus de son sein, nous sommes vivifiés dans le Christ. D'où cette parole de l'Apôtre : « Le premier homme, Adam, a été fait âme vivante ; le dernier Adam est un esprit qui donne la vie >> (1 Co 15; 45).

C'est ainsi que par ses prêtres le Christ engendre a la vie, dans l'Église, comme le confirme l`Apôtre :  « C’est moi qui vous ai engendrés dans le Christ Jésus » (1 Co 4, 15). C’est la semence du Christ, c'est-à-dire l'Esprit de Dieu, qui produit, par les mains du prêtre, l'homme nouveau, conçu dans le sein de la mère et né de la fontaine baptismale, grâce à la foi. En effet, il ne semblera pas intégré à l'Eglise, celui qui ne croit pas, et il ne paraîtra pas né du Christ, celui qui n'a pas reçu son Esprit.

Nouvelle naissance par le baptême. ll nous faut donc croire en la possibilité de notre naissance (spirituelle). Philippe dit en effet : << Si tu crois, tu peux être baptisé » (Ac 8, 37). Il nous faut recevoir le Christ pour qu‘il nous engendre, comme le dit l'apôtre Jean : « A tous ceux qui l'ont reçu, il a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu (Jn 1, 12). Mais cela ne peut se faire sans le bain d'eau et le sacrement du chrême qu’administre l'évêque, 

        Augustin d’Hippone  Sermon aux néophytes, l

Je m`adresse a vous, enfant nouveaux nés, tout petits dans le Christ, nouvelle postérité de l'Église, grâce du Père, fécondité de la Mère, pieux bourgeon, nouvel essaim, fleur de notre parure et fruit de notre labeur, ma joie et ma couronne, vous tous qui vous tenez debout devant le Seigneur.[...]

Vois le sein de notre mère l'Eglise, vois qu'elle t'enfante, te fait parvenir a la lumière de la foi et t'enfante dans les cris. Que votre patience n'ébranle pas les entrailles maternelles et ne rende pas plus étroite la porte de votre venue. Peuple qui es créé, loue ton Dieu ; loue, toi qui es créé, loue ton Seigneur ; parce que tu es allaité, loue-le ; parce que tu es nourri, crois en sagesse et en âge.

                   Le baptême, illumination

        Justin —  1e  apologie

Voici la doctrine que nous ont léguée les Apôtres à ce sujet. Nous avons reçu la première naissance sans le savoir, par une loi nécessaire, par suite de l`union de nos parents, et nous sommes venus au monde avec des habitudes vicieuses et des mœurs mauvaises.

Pour que nous ne demeurions pas les enfants de la nécessité et de l'ignorance, mais du libre choix et de la connaissance, et pour que nous obtenions dans l’eau le pardon de nos péchés passés, sur celui qui veut renaître et se convertir de ses péchés, on invoque le nom du Père de l'univers, notre Dieu et Maitre. [...]

Ce bain du baptême est appelé « illumination » parce que ceux qui reçoivent cette connaissance sont illuminés. C’est aussi au nom de Jésus Christ, crucifié sous Ponce Pilate, et au nom de l'Esprit Saint qui a proclamé d'avance par les prophètes tout ce qui se rapporte a Jésus, [...] c'est en leur nom qu'est baptisé celui qui reçoit la lumière.

          Grégoire Nazianze— Sermon sur le saint baptême, 3

Cette illumination (le baptême) est éclat fulgurant des âmes, transformation du cours de la vie, mettant l'intime de l'être en quête de Dieu. [...]

Redressement de la nature créée dont elle submerge le péché, elle donne part à la lumière et anéantit les ténèbres. Cette illumination fait monter vers Dieu, partager la route du Christ ; elle est l'appui de la foi, la perfection de l’intelligence, la clé du royaume des cieux. [...] Cette illumination — pourquoi prolonger l`énumération ? — est, de tous les dons de Dieu, le plus beau et le plus magnifique.   _

             Grégoire  Nazianze  Sermon sur le saint baptême, 5

Dieu est la lumière suprême, inaccessible, ineffable. L‘esprit ne peut la concevoir, ni la parole l'exprimer ; elle illumine toute intelligence. Elle éclaire le monde intelligible comme le soleil éclaire le monde sensible. Le cœur qui s'est purifié peut la voir ; celui qui l`a contemplée l'aimer , celui qui l’a aimée la comprendre. Elle se contemple et se saisit elle-même, tout en répandant quelques rayons sur les créatures. Je veux dire la lumière que l'on contemple dans le Père, dans le Fils et dans le Saint-Esprit; eux dont la richesse est l'unité de nature et une même exultation de splendeur,

          Grégoire Nazianze  -  Sermon sur le saint  baptême, 5

On appelle l'homme lumière à cause de la puissance de sa raison ; et nous donnons aussi ce nom à ceux qui, parmi nous, ressemblent davantage à Dieu et s'approchent plus près de lui.

           Grégoire Nazianze  - Sermon sur le saint baptême, 6

Et pour éclairer notre propos, la lumière qui apparut a Moïse était un feu qui, pour manifester sa nature et révéler sa puissance, brûlait le buisson sans le consumer. Lumière encore la colonne de feu qui conduisait israël et rendait plus supportable le désert. Lumière, celle qui enleva Élie dans un char de feu sans le brûler. Lumière, celle qui entoura d’éclairs les bergers, lorsque la lumière intemporelle se mêla a la lumière temporelle (Apparition des Anges aux bergers de Bethléem). Lumière, le bel astre avant—coureur vers Bethléem, qui guidait les mages et accompagnait la lumière divine (le Christ) qui luit au-dessus de nous.

Devenue lumière parmi nous, la lumière divine s'est manifestée a son tour aux disciples sur la montagne, mais éblouissante pour leur vue (la transfiguration du Christ). Lumière, l'apparition qui enveloppa Paul de son éclat et qui guérit l’obscurité de son âme en blessant ses yeux (lors de sa conversion sur le chemin de Damas). Lumière aussi, cette clarté réservée à ceux qui se seront purifiés ici-bas, et dont ils jouiront là-bas, lorsque les justes resplendiront comme le soleil : au milieu d'eux devenus dieux et rois, Dieu répand et distribue les récompenses de la béatitude céleste.

Et comparée a toutes les autres, l`illumination_baptismale est plus proprement encore une lumière.

           jean Chrysostome —· Sermon aux néophytes, l

Dieu soit loué l Les étoiles de la terre rayonnent d'une lumière plus brillante que celle des étoiles du ciel, II existe des étoiles sur terre, parce que le Dieu du ciel a paru sur terre. Elles brillent en plein soleil, leur éclat est plus lumineux que celui des étoiles qui servent la nuit.

Les astres du ciel achèvent leur service au lever du soleil, ceux de la terre rayonnent d'une lumière plus éclatante, quand paraît le Christ, le soleil de justice. Les premiers disparaissent avec la fin du monde, les seconds sont plus lumineux encore à la fin des temps. [...]

Les étoiles par essence sont du feu. Les étoiles de la terre aussi sont transformées en une nature incandescente. Chez les premières, le feu est visible, chez les seconds, l'œil de la foi peut seul le voir. « ll vous baptisera dans l`Esprit—Saint et le feu » (Mt 3, 11). [...] _

           jean Chrysostome —— Sermon aux néophytes, 1

Je vous redis : Dieu soit loué, qui seul opère ces merveilles ! Il a tout créé, tout renouvelé. Ceux qui hier étaient encore prisonniers, aujourd'hui sont libres. Ceux qui professaient l'erreur sont devenus citoyens de l'Église. Ceux qui vivaient dans la honte du péché ont été anoblis par la justice.

lls ne sont pas simplement libres, mais saints, non seulement saints mais justes, non seulement justes mais enfants de Dieu, non seulement enfants mais héritiers, non seulement héritiers mais frères du Christ, non seulement frères du Christ mais ses cohéritiers, non seulement ses cohéritiers mais ses membres, non seulement ses membres mais encore temple, non seulement temple mais instrument de l'Esprit-Saint.

Dieu soit loué ! Lui qui opère ces merveilles. Vois-tu combien multiple est la grâce du baptême ’? Certains n'y voient que la rémission des péchés, alors que nous avons pu aligner dix noms d'honneur.

        Augustin d’Hippone —  Sermon 226.

Lorsqu'on vous a fait connaître notre Seigneur Jésus-Christ, on vous a dit de lui que « au commencement était le Verbe, que le Verbe était en Dieu, et que le Verbe était Dieu. » (Jn 1, 1) Voila ce qu'est notre Seigneur Jésus-Christ ; et s'il ne s'était humilié, mais qu’il eût voulu toujours demeurer tel qu'il était, l'homme était perdu.

Nous reconnaissons en lui le Verbe-Dieu qui est en Dieu, nous reconnaissons le Fils unique égal au Père, nous reconnaissons qu'il est lumière de lumière et le jour sorti du jour...

  Oui, il est le jour, lui qui a fait le jour ; il est le jour qui n'a pas été fait, mais qui a été engendré par le jour. Si donc il est le jour sorti du jour, le jour qui a été engendré et qui n'a pas été fait, quel est le jour qu'a fait le Seigneur ?

Pourquoi est-il le jour ? Parce qu'il est la lumière. << Et Dieu appela la lumière jour. >> Cherchons quel est le jour que le Seigneur a fait, afin que nous puissions nous réjouir en lui et nous livrer à l'allégresse.

Dans le récit de la première création du monde, nous lisons que << les ténèbres couvraient la face de

l'abîme, et que I'Esprit de Dieu était porté sur les eaux. Et Dieu dit : Que la lumière soit, et la lumière fut. Et Dieu sépara la lumière des ténèbres. Et il appela la lumière jour, et les ténèbres nuit. >> (Gn 1, 2-5) Voilà le jour que le Seigneur a fait. Mais est-ce donc la le jour dans lequel nous devons nous réjouir et nous livrer a l'allégresse ?

Il est un autre jour que le Seigneur a fait, dont nous devons avoir une connaissance plus parfaite, et qui doit être pour nous une cause de joie et d'allégresse. En effet, il est dit aux fidèles qui croient en Jésus-Christ :

« Vous êtes la lumière du monde. » (Mt 5, 14) Si vous êtes lumière, vous êtes aussi  jour, car Dieu a donné a la lumière le nom de jour.

Hier encore, l'Esprit de Dieu était aussi porté par les eaux, et les ténèbres couvraient la face de l'abime,  alors que ces enfants (les néophytes, comparés à des enfants nouveau-nés) étaient encore chargés du poids de leurs péchés. Lorsque ces péchés leur ont été remis par I'Esprit de Dieu, alors Dieu a dit : « Que la lumière soit, et la lumière fut, »

<<Voici le jour que le Seigneur a fait ; réjouissons-nous en lui et livrons-nous à l’allégresse. » (Ps 117, 24)

Adressons-nous à ce jour avec les paroles mêmes de l'Apôtre : O jour que le Seigneur a fait! Vous avez été autrefois ténèbres, mais maintenant vous êtes lumière dans le Seigneur. << Vous avez été autrefois ténèbres. » (Ep 5, 8) L'avez-vous été, oui ou non ‘? Rappelez-vous votre vie passée, et voyez si vous n'avez pas été ténèbres.

Regardez dans vos consciences les œuvres auxquelles vous avez renoncé. Ainsi donc, puisque vous avez été autrefois ténèbres, et que vous êtes maintenant lumière, non pas en vous, << mais dans le Seigneur, marchez comme des enfants de lumière. »

Que ce peu de paroles vous suffisent, car nous avons de grandes occupations, et nous devons parler encore aujourd'hui aux enfants (les néophytes) des sacrements de autel (catéchèses mystagogiques).

        Pacien de Barcelone  -   sur le baptême, 6

Ainsi, c'est tout l'homme qui renaît et se renouvelle dans le Christ, afin que, comme le Christ est ressuscité  des morts par la gloire du Père, nous vivions nous aussi dans une vie nouvelle.

 

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12 décembre 2008

VI - La vie chrétienne

          

               La vie chrétienne : veille et combat

      Basile de Césarée  - Protreptique du saint baptême,7

Tout cela est ardu '? Quel bonheur est facile ? Qui donc a élevé un trophée en dormant ? Qui donc, dans la mollesse, au charme de la flûte, fut couronné pour son énergie ? Nul, s'il ne court, ne remporte la victoire. Les efforts engendrent la gloire, les épreuves préparent les couronnes. << Il nous faut passer par beaucoup de tribulations, pour atteindre le royaume des cieux. » (Ac 14,22) Je fais mienne cette parole. Mais la béatitude du royaume des cieux console des tribulations. [. . .]

Le trésor est difficile à garder. Veille, frère. Tu as des auxiliaires, si tu le veux : la prière qui veille pendant la nuit, le jeûne qui garde la maison, le chant des psaumes qui guide l'âme. Fais-en tes compagnons. Qu'ils passent la nuit avec toi à la garde de tes biens précieux.

    Jean Chrysostome  -  Première introduction aux catéchumènes, 4

Voici bientôt venir le temps des vrais combats : le stade est ouvert, voilà les spectateurs sur les gradins de l'amphithéâtre, à leur tête est le président des jeux. Alors point de milieu : ou bien tomber lâchement et se retirer couvert de honte, ou bien se comporter en brave et obtenir la couronne et le prix.

Ainsi en est-il de ces trente jours de lutte, d'apprentissage, d‘exercice. Dès ce moment apprenons à vaincre l'esprit malin, car une fois baptisés, il faudra descendre dans l'arène, lutter avec lui, le combattre à outrance.

Dès maintenant apprenons à connaître ses stratagèmes, ce qui le rend si méchant, d'où vient que ses coups nous atteignent si facilement, afin que le temps de la lutte arrivé, la nouveauté du combat ne déconcerte pas notre courage, mais que préparés, exercés, instruits des ruses de l'adversaire, nous l'abordions avec une entière confiance.

        Jean Chrysostome  -  Sermon aux néophytes, 2 

   

Préparons-nous donc avec confiance au combat. Nos armes sont plus brillantes que l‘or, plus fortes que le diamant, plus étincelantes que le feu, plus légères que des plumes. Elles ne blessent ni ne serrent le corps, mais elles l’affermissent et l'assouplissent. Avec elles tu peux sans peine aller jusqu'au ciel. [...j

Dieu m'a donné une cuirasse, qui n'est pas de métal mais de simplicité et de justice. Dieu m'a armé du bouclier de la foi. La parole de Dieu est mon épée. L'ennemi se sert de flèches ; moi, d'une épée. ll se fie en ses traits, moi, je ne manque ni de défense ni d'armes. L'ennemi est mal assuré, il se tient à distance, il lance ses flèches de loin, elles ne peuvent atteindre que l'imprudent.

        Jean Chrysostome  -  Sermon aux néophytes, 2 

    

   Dieu m'a accordé un autre soutien. Lequel ? Il m'a dressé une table, avec des mets de choix pour que, fortifié par des aliments toniques, je combatte l'ennemi jusqu'à la victoire.

Quand le démon grimaçant te voit quitter la table du festin céleste, il fuit comme poursuivi par un lion qui crache du feu, ii s'enfuit à la vitesse du vent et n'ose plus approcher.

S'il ne voit que de loin ta langue rougie par le sang du Seigneur, crois-moi, il lâche prise. S'il voit de loin sur tes lèvres le sang du Christ, il s‘enfuit, épouvanté.

 

     La vie chrétienne : vie de conversion et d’évangélisation

    Pacien de Barcelone  -  Sermon sur le baptême, 7

Donc mes très chers frères, nous ne sommes lavés qu'une fois, nous ne sommes libérés qu'une fois et nous ne sommes reçus qu'une fois dans le royaume de l'immortalité. C'est une seule fois qu'ils sont heureux ceux qui sont absous de leurs péchés et acquittés de leurs fautes.

Tenez fermement le don reçu, gardez votre joie, et désormais ne commettez plus le péché. Gardez- vous-en purs et innocents pour le jour du Seigneur. Les récompenses qui attendent le fidèle sont grandes et infinies ; l'œil ne les a pas vues, l'oreille ne les a pas entendues, elles ne sont pas montées au cœur de l'homme. Pour les atteindre, tâchez de les obtenir par des œuvres de justice et des vœux spirituels. Amen.

      Grégoire cie Nazianze  — Sermon sur le saint baptême, 29

Bondissez personnellement vers le bien, soutenant la double lutte, de vous purifier pour préparer le baptême et ensuite de veiller avec soin sur son effet dans votre âme. Il est en effet aussi difficile de s'acquérir un avantage qu'on ne possède pas que de le conserver quand on le possède ».

       Grégoire cie Nazianze  — Sermon sur le saint baptême, 29

Pour réaliser vos aspirations, il vous servira beaucoup de veiller la nuit, de coucher sur la dure, de supplier Dieu en pleurant vos péchés, d'avoir pitié des miséreux et de partager avec eux vos biens. Tout cela pour manifester votre reconnaissance du don que vous aurez reçu et, en même temps, vous assurer de le garder. Le résumé de bien des commandements est la bienfaisance, ne la négligez pas ! Que les requêtes des pauvres vous fassent ressouvenir, et de votre indigence passée, et de votre richesse actuelle.

       Grégoire cie Nazianze  — Sermon sur le saint baptême, 29

   Dans l'étranger en voyage et sans logis qui vous aborde, recevez celui qui, pour vous, a vécu en étranger (cf. Mt 25, 35). [...] A l’exemple de Zachée, hier encore publicain et manifestant subitement une parfaite grandeur d’âme, offrez toutes vos richesses au Christ pénétrant ainsi chez vous (cf. Lc19) [...] Face à un malade et à un blessé, ayez égard à la santé que le Christ vous a rendue, aux blessures dont il vous a délivré (cf. Lc10, 34). Enveloppez tous ceux dont vous voyez la nudité (cf. lvlt25, 36), par respect pour votre vêtement d'incorruption, qui est le Christ, étant donné que « nous qui avons été baptisés dans le Christ, nous avons tous revêtu le Christ » (cf. Ga|3,27). [...]

      Grégoire cie Nazianze  — Sermon sur le saint baptême, 29   

« Le baptême ne doit pas marquer l'âme d'une légère teinture, mais d'une empreinte profonde. »

       Grégoire cie Nazianze  — Sermon sur le saint baptême,  31,32   

Hier, [...] courbée par ton péché ; aujourd'hui, tu as été redresse par le Verbe. Ne te courbe pas de nouveau. (cf. Lc13, 11-13) [...]

Hier tu te desséchais, couvert de ton flux de sang — tu faisais couler ton péché d'écarlate – mais aujourd'hui ton desséchement est passé, et tu as refleuri ; car tu as touché les franges du manteau du Christ et tu as arrêté ton écoulement. Conserve l'effet de ta purification ; ne laisse pas revenir ton flux de sang. (cf. Lc 8, 43-48) [...]

Hier, tu étais couché sur un lit, abandonné et brisé; il te manquait un homme pour te jeter dans la piscine quand l'eau était agitée. Aujourd'hui, tu as trouvé cet homme, qui est aussi Dieu, ou plutôt Dieu et homme. Tu as été soulevé de ton grabat, ou plutôt tu as soulevé toi-même ton grabat et tu as publié ce bienfait. Ne retombe pas, par tes fautes, sur ton grabat, ce grabat de péché où le corps se vautre dans les plaisirs. Commence plutôt à marcher dans la posture où tu te tiens. (cf. Jn5, 1-9) [...]

« Lazare, viens dehors » Couché dans la tombe tu as entendu cet appel retentissant- car il n'y a pas de voix plus formidable que celle du Verbe ! — et tu es sorti, toi qui étais mort pas seulement depuis quatre jours, mais depuis si longtemps ; tu es ressuscité avec le Christ du troisième jour; et tu as vu choir tes bandelettes. Ne retombe pas maintenant dans la mort ; ne rejoins pas ceux qui habitent les tombeaux ; ne te laisse pas étouffer par les bandelettes de tes propres péchés. (cf. Jn11, 43-44) [...]

Si tu étais jusque-là couvert de lèpre, cette affreuse maladie, si tu as été nettoyé de cette humeur mauvaise et que tu as recouvré une âme saine, montre-moi, à moi ton prêtre que tu as été purifié, afin que je reconnaisse combien cette purification est plus réelle que celle qui est réclamée par la loi. Ne sois pas parmi les neuf ingrats, mais imite le dixième lépreux. Bien qu'il fût samaritain, il avait de plus nobles sentiments que les autres. Prends garde de ne te couvrir à nouveau de lèpre et d'avoir du mal à guérir cette nouvelle maladie (cf. Luc 17, 11-19).

Naguère, l'avarice et la parcimonie desséchaient votre main (cf. Lc 6, 6-10) ; aujourd'hui, que l'aumône et la bonté te la fassent étendre. Les soins à donner à notre main malade, c'est de disperser, de donner aux pauvres, de puiser dans les biens que nous avons en abondance jusqu'à ce que nous en touchions le fond - et peut-être bien que ce fond fera sourdre, pour toi aussi, de la nourriture, comme pour la veuve de Sarepta ; surtout s'il se trouvait que ton hôte fût Elie (cf. 1R17, 7-16)- c'est de considérer comme une belle richesse que d'être sans ressource à cause du Christ, qui s'est fait pauvre à cause de nous (Cf. 2 Co 8,).

Si tu étais sourd et muet (cf. Mc 9,24), que la Parole résonne a tes oreilles, et retiens mieux celle qui y a déjà résonné. Ne ferme pas tes oreilles à l'enseignement et aux conseils du Seigneur, comme un serpent devant le charmeur.

Si tu étais aveugle et sans lumière (cf. Jn 9), éclaire tes yeux pour ne pas sombrer dans le sommeil de la mort. Dans la lumière du Seigneur, contemple la lumière. En l'Esprit de Dieu, fixe les yeux sur le Fils, la lumière trine et indivise. Si tu accueilles toute la Parole, tu concentres sur ton âme toutes les guérisons du Christ, toutes celles dont chacun, pour sa part, a bénéficié.

Surtout, n'oublie pas que la grâce a des limites. Prends garde à l'ennemi ; pendant que tu dors sans inquiétude, qu'iI ne vienne pas, pour te nuire, semer de l'ivraie sur le bon grain (cf. Mt 13, 24-30 ; 36-43). Que, après avoir excité sa jalousie par ta pureté, tu ne viennes pas à déchoir par ton péché, jusqu'à exciter maintenant sa pitié. Prends garde que, après t'être fort réjoui du bien que tu recevais et après avoir été élevé au-dessus de toute mesure, tu ne retombes au milieu de ta remontée.

Ne crains pas de te donner de la peine pour garder ta pureté baptismale. Mets dans ton cœur les chemins qui montent vers le Seigneur (Allusion aux « psaumes des montées » : Ps119 à 133). Conserve avec soin l‘acte d'acquittement que tu as reçu par pure faveur. De cette façon, si l'acquittement te vient de Dieu seul, ton rôle à toi, c'est de veiller jalousement à le conserver.

     Grégoire de Naziznze  Sermon sur le saint baptême, 36

Purifions notre corps tout entier, frères ; consacrons toute notre sensibilité. Que rien en nous n'échappe à l'initiation, qu'il n‘y ait plus rien de la première naissance, ne laissons rien qui ne soit illuminé. Que l'illumination baptismale touche nos yeux pour nous donner un regard droit, pour que nous ne portions en nous—mêmes aucune de ces imaginations déshonnêtes qui viennent d'un spectacle dont notre vaine curiosité est toujours en quête. Car même si nous ne vouons pas un véritable culte à nos passions, nous avons cependant une âme souillée. Que ce soit, chez nous, une poutre ou un fétu de paille, ôtons-les ; nous pourrons alors voir ceux des autres.

Que l'illumination touche nos oreilles ; qu'eIle touche notre langue ; pour que nous entendions ce que dira le Seigneur, qu'il nous fasse connaître sa « miséricorde du matin », et que nous percevions l'exultation et la joie qui résonnent aux oreilles ouvertes à la grâce divine. Quant à notre langue, que l'illumination lui évite d'être un glaive acéré ou un rasoir effilé, et de rouler sous elle peine et souffrance. Qu'au contraire, attentifs envers l'Esprit-aux-langues-de-feu, nous exprimions la sagesse cachée de Dieu qui se manifeste dans le Mystère.

       Grégoire de Naziznze Sermon sur le saint baptême, 37

    « Offrons-nous tout entiers ; devenons des holocaustes raisonnables, des victimes parfaites. [...] En nous donnant tout nous-mêmes, retrouvons-nous tout entiers en échange, puisque c'est recevoir sans rien perdre que de se donner à Dieu et de lui faire l'offrande sacrée de toute notre personne. »

           Jean Chrysostome  -  2e catéchèse aux catéchumènes, 2

    Quel sacrilège si une langue empourprée du sang d'un Dieu, et devenue plus précieuse que l’or, se changeait en une épée meurtrière, en instrument d‘insultes, d’outrages et d’ignobles plaisanteries ! »

            Jean Chrysostome  -  2e catéchèse aux catéchumènes, 3

       Réprimez donc la colère, éteignez les flammes de la fureur ; ou bien si queIqu'un vous injurie et vous outrage, poursuivez-le de vos larmes et non de votre indignation ; de votre pitié et non de votre ressentiment.

Et ne dites pas : Je suis blessé dans mon âme. L'injure n'atteint pas notre âme, à moins que nous ne nous la fassions à nous-mêmes. En voici la preuve. On a dérobé votre bien ; vous a-t-on blessé dans votre âme ? non, mais dans votre fortune. En gardez-vous du ressentiment ’? alors vous blessez vous-même votre âme. Le vol en effet n'a pas nui à votre âme, il lui a même été avantageux ; mais vous, qui n'oubliez pas votre colère, vous serez puni pour avoir conservé la mémoire de cette offense. Quelqu'un vous a-t-il indignement méprise, insulté, quel tort a-t-iI fait à votre âme, et même à votre corps. Mais lui avez-vous rendu ses insultes et ses mépris, alors vous avez fait du mal à votre âme, et vos paroles recevront un jour leur châtiment.

                         Jean Chrysostome  -  2e catéchèse aux catéchumènes, 3

      Voulez-vous embellir votre visage ? n'employez pas les pierres précieuses, [...] mais que ce soit avec la modestie, l'honnêteté, l'aumône, l‘affabilité, la charité, que ce soit avec la tendresse pour votre mari, votre douceur, votre bonté, votre patience dans les peines ; voilà les fleurs de la vertu qui vous gagneront le cœur des anges et non des hommes, et qui vous mériteront les louanges de Dieu même ; or, lorsque vous serez agréable à Dieu, il vous donnera tout le cœur de votre époux. Si en effet la sagesse de l'homme illumine son visage, quel éclat ne répandra pas la vertu de la femme ?

       Augustin d’Hippone  -  Sermon 224, pour le jour de Pâques, 4

Quant à vous qui venez d'être baptisés, écoutez-moi ; écoutez-moi, vous qui venez de renaître parle sang de Jésus—Christ. Je vous en conjure par le nom qui a été invoqué sur vous, par cet autel dont vous vous êtes approchés, par les sacrements que vous avez reçus, par le jugement à venir des vivants et des morts ; je vous supplie, je vous adjure, parle nom de Jésus-Christ, de ne point imiter ceux dont vous connaissez la conduite déréglée. Conservez en vous la grâce du sacrement que vous a donnée Celui qui n'a point voulu descendre de la croix, parce qu‘il voulait ressusciter plein de vie du tombeau.

        Augustin d’Hippone  -  Sermon 224, pour le jour de Pâques, 2

Vous donc, mes frères ; vous, mes enfants ; vous, plantes nouvelles de l'Eglise votre mère, je vous conjure, par ce que vous avez reçu, de tenir les yeux fixés sur Celui qui vous a appelés, qui vous a aimés, qui vous a cherches lorsque vous étiez perdus, qui vous a éclairés après vous avoir retrouvés. [...]

Choisissez avec soin ceux que vous devrez prendre pour modèles, c'est—à-dire des chrétiens qui craignent Dieu, qui n‘entrent dans l'EgIise qu'avec un saint respect, qui écoutent attentivement la parole de Dieu, la conservent fidèlement dans leur mémoire, en font le sujet de leurs méditations, et la mettent en pratique. Ne dites pas en vous-mêmes : Et où trouverons-nous de tels chrétiens ’? Soyez vous-mêmes ces chrétiens, et vous n'aurez pas de peine à les trouver. Les semblables se rapprochent de leurs semblables ; si vous vivez dans le désordre, vous ne verrez se joindre à vous que des hommes déréglés. Commencez à mener une vie sainte, et vous verrez combien de compagnons fidèles s'empresseront autour de vous, combien de frères viendront faire le sujet de votre joie. Enfin, vous ne trouvez aucun modèle à imiter ? Soyez vous-mêmes les modèles des autres.

      

        Vie chrétienne : sanctification et vie dans l’Esprit

        Basile de Césarée  -  Traité sur le Saint Esprit

Pourquoi l'eau est-elle jointe à l'Esprit ? C‘est que le baptême vise un double but : réduire à l’impuissance l'être de péché afin de ne plus porter des fruits pour la mort ; mais aussi vivre de I‘Esprit et porter des fruits qui conduisent à la sanctification. L‘eau offre l'image de la mort en recevant le corps comme dans un tombeau ; l'Esprit infuse la force vivifiante en renouvelant nos âmes.

          Augustin d’Hippone  -  Sermon 225, pour le jour de Pâques, 4

   L’Esprit de Dieu est à la fois un breuvage et une lumière. [...] Vous n’avez pas besoin d'allumer de lampe pour approcher de la fontaine de la lumière ; elle brille elle-même à vos yeux, et vous conduira jusqu’à ses eaux bienfaisantes.

       Augustin d’Hippone  -  Sermon 224, pour le jour de Pâques, 1 

Que vous a donné cette grâce ? D’être les membres de Jésus Christ, les fils de Dieu, les frères de son fils unique. S’il est Fils unique, comment êtes-vous ses frères, sinon parce qu’il est le Fils unique par nature, et que vous êtes ses frères par grâce.

           Les prémices du Royaume

         Théodore de Mopsueste  -  3e homélie sur le baptême

Telle est la vertu du saint baptême: il te donne l’espérance de ces biens à venir et t’en offre la participation; par leurs figures et leurs mystères, et par le don de l’Esprit Saint, il t’en fait recevoir les prémices.

                  Basile de Césarée  -  Traité sur le Saint Esprit

C‘est par l'Esprit Saint que se fait la réintégration au paradis, la montée vers le royaume des cieux, le retour à la vie des fils adoptifs. Par lui nous avons l'audace d'appeler Dieu notre Père ; il nous donne d'être en communion avec la grâce du Christ, de nous nommer fils de lumière, de participer à la gloire éternelle et, pour tout dire en un mot, d'être comblés de toute bénédiction dans ce siècle et dans le siècle à venir ; de voir dans un miroir, comme s'ils étaient déjà présents, la grâce des biens promis, dont la foi nous fait attendre la jouissance. Car si le premier don est aussi riche, qu'en sera—t-il du versement complet ’? Et si les prémices sont aussi belles, qu'en sera-t-il de la plénitude totale?

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le Baptistère de San Giovanni à Milan où selon la tradition, Augustin a reçu le baptême par Ambroise, la veillée de Pâques en 386

         San Giovanni alle fonti -  Milan

L‘édifice à huit niches a été élevé pour les usagés sacrés, la fontaine octogonale est digne de ce don. Il convenait que sur ce chiffre surgit la salle du saint baptême à travers lequel le vrai salut a été redonné aux peuples dans la lumière du Christ ressuscitant, lui qui ouvre la prison de la mort et réveille de leurs tombes les hommes inanimés et, libérant ceux qui s'avouent coupables de la tache du péché, les lave dans le courant de la source à l‘eau pure.

Qu’ici tous ceux qui veulent abandonner les fautes d’une vie d’opprobre lavent leur cœur, gardent leur âme à l'abri des souillures. Qu’ils viennent ici promptement : et si l'un d’eux, tout empli qu’il soit de ténèbres, a le courage de s‘approcher, il en repartira plus candide que la neige.

Que les saints se hâtent de venir ici : que tous les saints expérimentent ces eaux. En elles se trouvent le royaume et le dessein de Dieu. O gloire de la justice ! En effet qu’y a-t-il de plus divin que le fait qu‘en un bref instant disparaisse la faute d’un peuple? ·

                                                                                            Saint- Ambroise

         

      St jean du Latran

   

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L'abside est décorée d'une très belle mosaïque du IVème siècle mais largement refaite au XIIIème siècle. La mosaïque est chargée de symboles : le visage du Christ est placé au dessus d'une croix sur laquelle coulent les eaux du baptême. Ce flot se divise en 4 fleuves symbolisant les évangiles irriguant la Terre. Marie et Saint Jean sont de part et d'autre de la croix.

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La porte latérale droite, est la porte Sainte qui n'est ouverte que les années Saintes.

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Le baptistère est accessible en ressortant de Saint Jean de Latran par la façade latérale. Le baptistère, octogonal date du IVème siècle de l'époque de l'empereur Constantin. Pendant plusieurs siècles il était le seul baptistère de Rome.

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A l'intérieur, 8 colonnes de porphyre rouge soutiennent un entablement de 8 colonnes de marbre blanc.

Dans le dôme est représentée la bataille du Pont Silvius qui opposa Maxence à Constantin. Constantin mit sa victoire sur le compte du dieu des Chrétiens ce qui le poussa à la conversion et à favoriser le culte Chrétien.

Ici naît pour le ciel un peuple de race divine .

Engendré par l’esprit fécondateur de ces eaux.

ici est la source de vie qui lave tout l’univers,

Jaillissant de la plaie du Christ.

Cette eau que reçoit le vieil homme

Fait surgir l’homme nouveau.

  Entre ceux qui renaissent, aucune différence.

Un seul baptême, un seul esprit, une seule foi.

Ils sont Un.

                               Sixte III (440)

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